jeudi 12 avril 2018

Carré 58 noir



Carré 58 noir


Il commençait pourtant bien celui-là même si doigts tachés d’encre pas seulement noire mais rouge aussi et bleue et voilà que le poète est mort là-bas en octobre 2017 au nord et nous l’ignorions et mon cœur saigne rouge dans la neige de laponie où ne court plus le chien de p.h. claire d’abord a ouvert le feu froid de la mort la finlande poursuit ce qui a été commencé ailleurs cette lettre du début le C difficile de s’en passer le sac de mots jeté vide dans le lac au titre énigmatique que reste-t-il du poète sinon deux ou trois livres dont un qu’il m’offrit si généreusement que j’en restai sans voix il est comme ça p.h. m’a dit plus tard une amie je n’en revenais pas nous avons bu un café il y a eu aussi cette lecture où p. est arrivé un peu en retard parce qu’il avait pris le bus et que devant notre plaisir à le voir entrer dans la salle de l’institut où nous lisions il a ri et tout le monde avec lui parce que la mort il la tenait loin de nous tous mais suis-je seulement en mesure de réciter un vers le chagrin est une position d’équilibre et le chien tremblant dans ses bras jappe doucement une chanson triste où revient un refrain en une langue inconnue des humains sauf de p.h. lui savait ce que chien veut dire et patrie aussi et les mots longs que la langue finnoise construit le pain de chaque jour dont il savait qu’il avait goût d’amour et de chagrin quelque part le poète veut-il toujours l’impossible entre la plaie et la plaine alors le chien continue à dormir le renard malade sait qu’il va mourir la pièce de vingt kopeks reste sur la table carrée


(12 avril)

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