Carré 58 noir
Il commençait pourtant bien celui-là même si doigts
tachés d’encre pas seulement noire mais rouge aussi et bleue et voilà que le
poète est mort là-bas en octobre 2017 au nord et nous l’ignorions et mon cœur saigne
rouge dans la neige de laponie où ne court plus le chien de p.h. claire d’abord
a ouvert le feu froid de la mort la finlande poursuit ce qui a été commencé
ailleurs cette lettre du début le C difficile de s’en passer le sac de mots
jeté vide dans le lac au titre énigmatique que reste-t-il du poète sinon deux
ou trois livres dont un qu’il m’offrit si généreusement que j’en restai sans
voix il est comme ça p.h. m’a dit plus tard une amie je n’en revenais pas nous
avons bu un café il y a eu aussi cette lecture où p. est arrivé un peu en retard
parce qu’il avait pris le bus et que devant notre plaisir à le voir entrer dans
la salle de l’institut où nous lisions il a ri et tout le monde avec lui parce
que la mort il la tenait loin de nous tous mais suis-je seulement en mesure de
réciter un vers le chagrin est une
position d’équilibre et le chien tremblant dans ses bras jappe doucement
une chanson triste où revient un refrain en une langue inconnue des humains
sauf de p.h. lui savait ce que chien veut dire et patrie aussi et les mots
longs que la langue finnoise construit le
pain de chaque jour dont il savait qu’il avait goût d’amour et de chagrin
quelque part le poète veut-il toujours l’impossible entre la plaie et la plaine
alors le chien continue à dormir le renard malade sait qu’il va mourir la pièce
de vingt kopeks reste sur la table carrée
(12 avril)
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