jeudi 19 avril 2018

Carré 65




En plein air écrire un carré de plein vent face au vert à la colline aux cyprès pointés droit prêles dans l’eau assise sur cul comme toujours à écouter la montée du vent dans les branches du peuplier solitaire seul rescapé des tempêtes à guetter les iris frémissants de v. g. aujourd’hui est un jour plein première phrase après la lecture de l.n. et l’appel de d. h. me confirmant que mes rêves au nombre de 50 vont être publiés dans une revue américaine je lui parle des poèmes de l’oregon du vent aussi et de la géologie une odeur de fumée traîne par ici nous avons ramené 3 superbes géraniums de f. un rouge un rose un blanc drapeau bizarre que ne déparent pas les fleurs de l’arbre de judée le vent s’insinue sous mes aisselles et les rafraîchit un printemps-été cette année redoutant que tout change comme souvent je ne me suis pas réfugiée dans la carabanne pour laquelle je cherche des rideaux je n’écris pas non plus au plein soleil qui tape sur le pré malgré l’envie de rejoindre l’abri sous le tulipier et le mûrier où nous aimons nous reposer au plus fort de l’été je suis assise au bord du banc de bois en équilibre une lessive tourne je reste immobile seules mes mains sur le clavier bougent à peine pour tracer les limites du poème je ne veux pas polémiquer sur ce qui fait poésie ou pas je ne suis pas en mesure de traquer des indices comme un limier sur la piste les mots morts ne m’intéressent plus sitôt sortis du sac certains meurent très vite et d’autres résistent le plus souvent enfermés dans des livres au format carré


(19 avril)

mardi 17 avril 2018

La présence de Lili se poursuit ici avec sur la table son carnet sans bord.




Merci à Antoine G. de ses belles images, aux amis et amies venus.
Nous avons encore quelques exemplaires du carnet sans bord.
Que ceux qui ne l'ont pas encore fait pensent à soutenir l'association en versant une cotisation.
Nous nous retrouverons en juin pour au moins deux rendez-vous et déjà vous pouvez noter le ouiquinde du 20 septembre pour fêter le sdix ans de la petite Libaririe en compagnie de la performeuse allemande Gabriele Hassler
que j'aurai le plaisir d'accompagner pour une performance franco-allemande!

jeudi 12 avril 2018

Carré 58 noir



Carré 58 noir


Il commençait pourtant bien celui-là même si doigts tachés d’encre pas seulement noire mais rouge aussi et bleue et voilà que le poète est mort là-bas en octobre 2017 au nord et nous l’ignorions et mon cœur saigne rouge dans la neige de laponie où ne court plus le chien de p.h. claire d’abord a ouvert le feu froid de la mort la finlande poursuit ce qui a été commencé ailleurs cette lettre du début le C difficile de s’en passer le sac de mots jeté vide dans le lac au titre énigmatique que reste-t-il du poète sinon deux ou trois livres dont un qu’il m’offrit si généreusement que j’en restai sans voix il est comme ça p.h. m’a dit plus tard une amie je n’en revenais pas nous avons bu un café il y a eu aussi cette lecture où p. est arrivé un peu en retard parce qu’il avait pris le bus et que devant notre plaisir à le voir entrer dans la salle de l’institut où nous lisions il a ri et tout le monde avec lui parce que la mort il la tenait loin de nous tous mais suis-je seulement en mesure de réciter un vers le chagrin est une position d’équilibre et le chien tremblant dans ses bras jappe doucement une chanson triste où revient un refrain en une langue inconnue des humains sauf de p.h. lui savait ce que chien veut dire et patrie aussi et les mots longs que la langue finnoise construit le pain de chaque jour dont il savait qu’il avait goût d’amour et de chagrin quelque part le poète veut-il toujours l’impossible entre la plaie et la plaine alors le chien continue à dormir le renard malade sait qu’il va mourir la pièce de vingt kopeks reste sur la table carrée


(12 avril)

mercredi 11 avril 2018

Carré 57 pissing in a carré



Carré 57



On n’a pas pu planter les 6 plants de tomates à cause de la pluie quand ce n’est pas le vent la terre est prête mais trop mouillée alors quand le ciel s’écrit de cette couleur grise ne reste qu’à dormir avec les rêves des autres et se repasser le film de l’anniversaire la liste des cadeaux d’abord ce sécateur dessiné en relief de résine et les soixante-six ans de p.s. sa manière virevoltante de boire du café un peu partout véra cruz surtout et le long manteau noir les livres son goût de collectionner les photos de lieux aussi en son honneur au réveil le visage un peu triste pourtant j’ai bu à nouveau du café il n’était ni très chaud ni très bon j’ai vérifié que mes boucles peuls étaient accrochées à mes oreilles me disant que beaucoup nous liait ensemble et suis tombée sur ce passage où elle prend le compte des années vécues le même numéro que la mythique highway …soixante-six ans me suis-je dit ; bon, et alors ? Je sentais les années qui s’accumulaiente et la neige qui tombait moi seulement la pluie sur mes épaules tandis que je revenais du poulailler le seau vidé avec de tout petits voyages à faire tandis qu’elle d’un aéroport l’autre tissait une toile que jamais je ne serais en mesure d’ourdir à part en rêve un livre reçu par la poste m’a tenue en éveil il disait l’amour disparu en termes crus et tendres sa couverture bleue donnait de l’épaisseur à la nuit c’est comme ça les anniversaires sorte de pont pour s’éloigner le plus vite possible de sa maison en imaginer une nouvelle en bois avec une pièce au plancher ciré dans une cabane carrée

vendredi 6 avril 2018

Carré 52/ Essai sur le fou de champignons




Carré 52

Surprise le livre de p.h. retrouvé au milieu du dossier médical rires dans la salle de bains sur la trace des champignons de la forêt de B. mais il y a pire faucheuse bat son plein annonce de qui va mourir peut-être mais nous tous sûrement dit petite voix encore cet adjectif à qui je dois tordre le cou et me perdant ce matin dans le lacis des rues au nom caché j’arpentais de mémoire l’espace du carré comptant sur lui pour me ramener au centre où je courais sans trouver la bonne adresse calendrier bien tenu arithmétique joyeuse qui permet d’aller de l’avant vers la fin et la traversant aller vers une suite de formes géométriques triangle musical rectangle étranglé telle trappe protégeant les poules suivant le fou de champignon lui-même suivi par le fou du fou à la queue leu leu les fous dans le faisceau des phares la renarde s’immobilise un instant avant de traverser en courant vers le nord le grand champ labouré de frais derrière le poulailler  grise dans le soir qui tombe peur-de-rien madame ai-je murmuré un beau nom pour cette affamée de viande n’a pas froid aux yeux le chant de l’un s’éteint et elle la coureuse occupée à sa ronde de nuit s'en va sans hallebardes juste la scie singulière du vent dans les nouvelles pousses du saule la rumeur des ramures vous avez l’air d’aller bien a dit la médecine suffit pas d’avoir l’air disait ma mère faut la chanson j.h. avait la chanson et  n’a plus l’air il est comme ça ce jour printanier rempli d’abeilles bourdonnantes et besogneuses il sera bien difficile à contenir entre 4 côtés du carré

lundi 2 avril 2018

carré 47



Carré 47



On pourrait écrire sortant de la nuit le carré ne se porte pas bien parodiant p.h. sans clore toutefois ni sa forme ni le projet d’en écrire 100 et pourtant mon carré gondole va de traviole ma mère la grande sagesse dirait tu as le bouchon à la rigole c’est vrai il m’arrive de rire à en avoir mal au bide mais là ce carré faut le faire tenir droit ou à peu près pas un parallélipipède ni un bipède doit tenir sur ses quatre angles droits et moi n’ayant que deux pieds je dois marcher dans et pas sur la mer ce qui n’est possible que si on s’appelle alice et peut-être y arriverais-je si je change de nom un jour comme aujourd’hui où tout est possible même l’impossible par exemple à propos encore d’a. cette étonnante enfant dont on ne sait où elle se cache exactement sous les châtaigniers par exemple ou carrèment devenue un fruit cette châtaigne est trop vieille, ça ne peut être Alice mais qui alors est cette vieille châtaigne presque j’en conclurais que c’est notre mère qui se cache là pour mieux nous avoir à l’œil tout le temps de notre vie sans elle à moins que postée derrière l’arbre elle nous épie tant que nous arpentons de jour comme de nuit le peu qui nous reste à vivre puisqu’elle seule sait ce que contient le sac et combien il reste de mots pour aller à la fin de la ligne elle est comme ça notre mère à tous des yeux de lynx et un regard bleu acier qui détruit tout sur son passage jusqu’à présent on ne trouvait pas trace ici de l’effroi maternel le sien mais aussi le nôtre devant elle en face sur le toit le soleil trace ses rayures et ne dessine pas un carré


(1°avril)