Et puis ce mot qui tombe.
Un mot lourd en trois syllabes.
Pas un de ces mots courts que nous
aimons, le Petit et moi.
Non.
A-mer-tume.
Un peu apophtegme.
Mais la mer.
En une seule vague à l’intérieur.
Un goût aussi.
Sur le bout.
De la langue.
Et ce tume, qui finit mal, tu meurs.
Amertume.
C’était le mot donné en atelier
d’écriture.
Fallait écrire là.
Là, sur ce mot.
Dur, a dit la dame qui devait
écrire.
Impossible, en trois syllabes.
Je n’ai pas.
Alors rien.
Texte blanc, sans la couleur jaune.
Du quinquina, le goût amer.
Plante miracle.
Bue chez qui ?
Pas le goût, non.
L’échec, oui.
Amère fin de vie.
Dit encore la dame.
Tout ce que.
Je n’ai pas.
Tout ce qu’on.
Ne m’a pas.
Après, ailleurs, quelqu’un
demande :
Pourquoi tu ne vis pas à Marseille ?
Marseille a-mère, sans mère, oui.
Avec, impossible.
En trois syllabes. Déjà dit.
Mal le dit.
Fil, fils.
Monosyllabiques, toujours.
Mer, air, vent.
Ville.
Une voisine, à Marseille, quand nous
vivions aux achélèmes des Tilleuls, est morte en avalant des aiguilles, petite
couturière sacrifiée à la cause des fils.
Et je voyais l'autre petite couturière,
aiguilles aux dents, en train de surfiler la jupe qu'un jour je porterais pour
danser le flamenco.
Qu’un jour je porterai.
La question du futur se pose
toujours quand nous écrivons au passé.
Je n’ai aucune réponse.
Je file.
Je vais. Où ? Ne sais.
Mais j’irai.
Sans moi ?
Sans toi.
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